La philosophie et son passé

Durée et simultanéité

Jean Ladrière

pp. 332-357

Les interprétations qui présentent l'histoire de la philosophie soit comme un processus de totalisation soit comme un itinéraire d'errance renvoyant à un moment originaire où se serait montré le vrai, paraissent avoir en commun une conception purement linéaire du temps, privilégiant un moment singulier. Or il faudrait penser le temps de l'histoire comme durée, comportant à la fois succession et simultanéité. La durée est un champ de créativité, qui engendre sans cesse de nouvelles formes particulières, mais en même temps se réorganise continuellement lui-même en totalité sous l'effet des émergences locales qu'il produit. Les articulations essentielles de l'histoire de la philosophie dépendent non pas de conditions d'espace-temps, mais de la structuration interne d'un champ de problèmes, constituée par une logique dont nous ne reconstituons jamais que des fragments. À travers le questionnement qui se poursuit dans la simultanéité de la durée ne cesse d'être mise en jeu (avec la nature du logos) la destination de la raison.

Publication details

Full citation:

Ladrière, J. (1977). La philosophie et son passé: Durée et simultanéité. Revue philosophique de Louvain 75 (26), pp. 332-357.

This document is available at an external location. Please follow the link below. Hold the CTRL button to open the link in a new window.