Paranoïa et schizophrénie

Pierre Demoulin

pp. 278-324

La conviction paranoïaque et la dissociation schizophrénique présentent des analogies et des oppositions structuralement agencées qu'une approche phénoménologique se doit d'articuler. En s'appuyant sur la philosophie kantienne et la phénoménologie existentielle, l'auteur s'attache d'abord à décrire la spécificité du mode de penser paranoïaque. L'essence de l'attitude paranoïaque ne réside pas tant dans un contenu particulier d'idées que dans la manière de les dire et de les enchaîner, c'est-à-dire, en définitive, dans une certaine perception du monde. Le monde du paranoïaque est sans profondeur de champ. Les actions comme les intentions y sont lisibles sans ambiguïté, étalées sous son regard absolu, non-situé. À vrai dire, donc, le paranoïaque ne perçoit plus, il induit ; il n'interprète pas mais explique. Au niveau des structures d'existence, des oppositions frontales le font osciller de l'indignation haineuse à la soumission passive, prisonnier qu'il est d'une relation à l'Autre absolu sans contestation d'un Tiers. Pour illustrer sa thèse, l'auteur recourt, à titre exemplatif, à la notion de Vérité en politique, où elle est susceptible de distorsions de type paranoïaque. Rejoignant la préoccupation initiale de son essai, il tente ensuite d'éclairer les distinctions classiques entre psychoses aiguës et chroniques, phénomènes primaires et secondaires, en cherchant à comprendre la relation entre expérience délirante et discours délirant.

Publication details

Full citation:

Demoulin, P. (1973). Paranoïa et schizophrénie. Revue philosophique de Louvain 71 (10), pp. 278-324.

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