166820

(2003) Methodos 3.

Corps et individualité dans la philosophie de Spinoza

Pascale Gillot

Nous tentons dans cet article de montrer que la problématique de l’individuation, qui prend ses sources dans la physique, joue un rôle déterminant dans la solution spinoziste du problème de l’union de l’âme et du corps. Cette union se trouve en effet comprise dans les termes d’une identité réelle, en l’espèce l’identité d’un même individu. L’objet de la première partie de l’article est l’examen de l’origine du concept spinoziste d’individu, et des liens étroits qui unissent ce concept à la catégorie physique de corps composé ou complexe. Degré de puissance ou conatus, composition et degré d’individuation se révèlent constitutivement équivalents. L’analyse de la puissance propre du corps humain, de ce qu’il peut faire par lui-même sans l’aide de l’âme, tel un automate, implique nécessairement la description de son individualité et de sa complexité spécifiques, au principe de son agir spontané et déterminé. Tel est l’enjeu de la seconde partie de notre étude. Enfin, dans la troisième partie, nous soulignons l’importance de la définition spinoziste de l’individualité complexe du corps humain pour la détermination de ce que peut l’esprit dans son ordre propre, l’organisation et la puissance de ce dernier apparaissant directement proportionnelles à la complexité du premier. Sous cet aspect, la compréhension de l’unité psycho-physique en l’homme, unité qui est celle d’un individu en dépit de l’indépendance causale réciproque du mental et du corporel, semble bien impliquer la primauté gnoséologique, exclusive de touteantécédence ontologique, du corps et de son organisation par rapport à l’esprit humain.

Publication details

DOI: 10.4000/methodos.114

Full citation:

Gillot, P. (2003). Corps et individualité dans la philosophie de Spinoza. Methodos 3, pp. n/a.

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