Hölderlin cartographe, Hölderlin photographe

Jean-Pierre Lefebvre

pp. 57-261

Contrairement à ce que laisse entendre une certaine tradition de sa réception, Hölderlin n’est pas un poète mystico-spéculatif. Il s’agit donc de faire apparaître ici le raccord entre la poésie et le réel, de dévoiler la géographie de Hölderlin, déjà inscrite, d’une certaine façon, dans la dimension spatiale de ses manuscrits qui ont une certaine parenté avec les atlas. Jean-Pierre Lefebvre distingue quatre périodes de la production hölderlinienne. Jusqu’en 1796, la référence paysagère paraît essentiellement littéraire ou mythologique. La nature évoquée par Hölderlin est un résidu anacréontique, sans référent réel, nature imaginaire des poètes. Puis, et jusqu’au tournant du siècle, dans un mouvement de réappropriation du réel, le poème devient le lieu de l’évocation des lieux. A partir de 1799-1800, la poésie est tendue entre une vision panoramique du monde (qui permet de passer rapidement, comme sur un atlas, depuis la Grèce en Allemagne, des montagnes aux îles méditerranéennes) et la conscience d’une certaine pesanteur qui s’oppose précisément au survol géographique du monde : se fait jour une critique de l’appropriation abstraite de l’espace et du temps par la pensée. Puis, plus tard, dans sa tour qui lui sert de camera obscura, vient le temps des poèmes fixes.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.632

Full citation:

Lefebvre, J.-P. (1997). Hölderlin cartographe, Hölderlin photographe. Revue germanique internationale - ancienne série 7, pp. 57-261.

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