Qu'est-ce qui appelle au tragique ? Situer Schelling depuis un raisonnement heideggérien

Eberhard Gruber

pp. 205-234

Art et Pensée ne sauraient se conjuguer dans un intérêt réciproque, sans tenir compte du coût de leur intention. La réflexion ci-après analyse et traduit la question heideggérienne « Qu’appelle-t-on penser ? » afin de localiser le noyau dur de la littérature et de l’évaluer par rapport à Schelling : « Qu’est-ce qui appelle au tragique ? » L’équivocité est retournée, à l’exemple du mot heissen (« appeler »/enjoindre »), en une univocité qui serait « à relever » (aufzuheben : Hegel) ou « à mettre sous rature » (durchzustreichen : Heidegger) ; et elle est conceptuellement à entendre comme une nécessaire perte de toute exclusion et domination précédentes. L’idée d’une participation onto-théologique ou la pensée de l’alliance vétérotestamentaire est repérable chez Schelling au point qu’un Dieu de partage se révèle aussi « co-auteur du Mal ». Pour autant, une certaine orthodoxie chrétienne le fait se méprendre sur la mythologie grecque (Hésiode, Oedipe). Le fait que la tragédie en tant que genre littéraire est censée protéger la réalité contre la domination réelle (le trajet que fait Œdipe du tyran [Thèbes] à la légende [Colone] est à cet égard exemplaire), reste impensé. Il en va de même, par conséquent, de la fonction apotropaïque de la mythologie et de l’art pour la faculté de penser.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.1452

Full citation:

Gruber, E. (2013). Qu'est-ce qui appelle au tragique ? Situer Schelling depuis un raisonnement heideggérien. Revue germanique internationale 18, pp. 205-234.

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