La philologie peut-elle s'exporter ?

À propos de l'itinéraire identitaire et disciplinaire de Leo Spitzer

Wolf Feuerhahn , Pascale Rabault-Feuerhahn

pp. 155-177

Les promoteurs d’un « tournant philologique » qui veulent remettre à l’honneur une lecture attentive des textes, se sont volontiers réclamés d’une tradition incarnée par les grands noms de la romanistique germanophone. Leo Spitzer fait ainsi l’objet d’une attention renouvelée et est souvent convoqué comme exemple d’un humanisme véritablement universaliste. Dans le souci d’échapper à une lecture présentiste de son œuvre, cet article revient sur la manière dont Spitzer a, au fil de sa carrière, caractérisé lui-même sa propre démarche scientifique. En fonction du contexte local, régional et national auquel il fut confronté, Spitzer fut en effet amené à redéfinir son identité scientifique autant que son appartenance nationale. Il ne s’agit ni de prendre ces auto-étiquetages au mot, ni de les déconstruire comme autant d’illusions, mais de les éclairer à la lumière des contextes très divers qui jalonnèrent la carrière de Spitzer – Empire austro-hongrois, Allemagne, Turquie, États-Unis. Surtout, cet article analyse la portée performative des auto-définitions du savant, qui façonnent autant qu’elles décrivent son activité scientifique. De son engagement internationaliste et pacifiste pendant la Première guerre mondiale à sa défense de la philologie « allemande » aux États-Unis, le parcours de Spitzer interroge l’exportabilité supposée de la pratique philologique.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.1477

Full citation:

Feuerhahn, W. , Rabault-Feuerhahn, P. (2014). La philologie peut-elle s'exporter ?: À propos de l'itinéraire identitaire et disciplinaire de Leo Spitzer. Revue germanique internationale 19, pp. 155-177.

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