Les mots à double voix

D'un usage heideggérien de la langue

Pol Vandevelde

pp. 522-537

Afin de saisir la pertinence du discours que Heidegger tient sur la langue, la nécessité s'imposait d'examiner l'usage qu'il fait des analyses étymologiques dans leur spécificité et leur portée. La conférence Das Ding, dans Vortràge und Aufsàtze, offre un bel échantillon de dérivations étymologiques et lexicales que Heidegger tout à la fois légitime et articule à une méditation sur la langue : à la question «Qu'est- ce qu'une chose?» se voit substituée cette autre: «Que disons-nous quand nous disons 'chose'?». En lisant ces dérivations à la lumière notamment de Unterwegs zur Sprache, le mot apparaît dans sa position centrale pris dans un double mouvement, résultatif d'une part, à travers les Wörter, les termes utilisés dans leur fonction de communication, et fondatif d'autre part, à travers les Worte, recelant comme en abrégé une expérience portée au langage, dont les Wôrter ne sont plus que les signes usés. Une telle méditation du mot, en marge de toute discipline linguistique établie et reconnue, articulant de manière originale «sujet», «langue» et «réalité», n'a pas encore livré dans le champ des sciences humaines tout l'apport critique dont elle est lourde.

Publication details

Full citation:

Vandevelde, P. (1987). Les mots à double voix: D'un usage heideggérien de la langue. Revue philosophique de Louvain 85 (68), pp. 522-537.

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