La signification des universaux chez Abélard

Christian Wenin

pp. 414-448

Le texte dans lequel Abélard tente de répondre, avant 1120, aux questions laissées ouvertes par Porphyre sur le statut des genres et des espèces livre une réflexion sur la signification du terme universel, entendu après Aristote comme le prédicat possible d'une proposition vraie de plusieurs sujets pris individuellement. Abélard refuse toutes les formes de réalisme qu'il connaît. Le mot universel (vox, simplex sermo) n'a cependant pas qu'un aspect physique de son proféré ; il signifie triplement : les choses individuelles en tant qu'elles se ressemblent, l'activité intellective de l'homme et la conception commune à l'aide de laquelle celle-ci peut fonctionner. Cette situation n'implique cependant, dans les choses, aucun élément réel distinct, auquel un réaliste modéré aurait recours pour justifier une prédication univoque. Cette justification, Abélard la trouve dans une doctrine sur les états existentiels (status) des choses semblables, qui correspondent à un ordre des natures à propos duquel il approuve nommément Platon. Seul Dieu a une connaissance parfaite des êtres singuliers qu'il a créés dans ces états; la connaissance abstractive de l'homme n'est pas fausse, mais elle reste confuse. La sémantique d 'Abélard véhicule ainsi, notamment, une métaphysique de l'existence radicalement singulière qui n'est pas sans évoquer le nominalisme, ainsi que, comme chez beaucoup d'auteurs antérieurs, un certain platonisme des genres et espèces naturels.

Publication details

Full citation:

Wenin, C. (1982). La signification des universaux chez Abélard. Revue philosophique de Louvain 80 (47), pp. 414-448.

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