Dialectique et art dans la République et le Sophiste de Platon

Laura Rizzerio

pp. 231-252

Cet article étudie le rapport que Platon établit entre la beauté, la mesure, et la production artistique aux fins de prouver que le philosophe athénien n'est pas un véritable «ennemi» des arts, à tout le moins qu'il ne peut être considéré comme un ennemi de la beauté des œuvres «sensibles», qu'elles soient naturelles ou produites par l'homme. Grâce à l'analyse de quelques extraits du Sophiste et de la République, cette étude veut montrer que la distinction de l'art d'imitation en deux «sections» différentes, «art de la copie» et «art de l'illusion», proposée par Platon dans le Sophiste, n'est pas simplement un expédient auquel le philosophe athénien a recours pour parfaire ses diaireseis et «capturer» la définition tant recherchée. Cette distinction trouve sa justification dans le rôle important que Platon confie à la «mesure» là où il s'agit de la saisie du beau. C'est par cette notion de «mesure» qu'il en vient effectivement à rejeter un type d'art d'imitation, «l'art d'illusion», et à en accepter un autre, «l'art de la copie», en comparant ce dernier au travail du dialecticien. Or, il est fort probable que Platon prononce son jugement sur l'art d'imitation en ayant présente à l'esprit la production artistique de son temps. Soumis à condamnation serait alors l'art basé sur les techniques de l'illusion et du trompe-l'oeil, un art qui en était venu à s'imposer à son époque grâce à l'utilisation d'une proportionnalité capable de reproduire la réalité d'une manière vraisemblable, mais qui ne fabriquait qu'illusion, était loin de la vérité et se révélait incapable de saisir le beau. La production artistique reconnue comme respectable, voire utile à l'acquisition de la science, serait au contraire l'art qui s'était développé autour du canon de Polyclète dont les productions étaient fondées sur le respect absolu d'une «mesure» objective et d'une proportionnalité rigoureuse, mathématiquement représentables.

Publication details

Full citation:

Rizzerio, L. (1999). Dialectique et art dans la République et le Sophiste de Platon. Revue philosophique de Louvain 97 (2), pp. 231-252.

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