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175786

(2014) Mind, values, and metaphysics I, Dordrecht, Springer.

Le direct et l'oblique

sur quelques aspects antiques et médiévaux de la théorie brentanienne des relatifs

Alain de Libera

pp. 317-347

La théorie adverbiale du jugement chez Brentano en tant qu'elle va de pair avec la distinction du modus rectus et du modus obliquus peut apparaître comme une interprétation originale de la théorie de la connotation. On montre que la théorie des noms « connotatifs » et des « noms relatifs » de John Stuart Mill éclaire effectivement l'horizon conceptuel où s'inscrit la distinction brentanienne des deux modes. Transposé à l'acte de penser brentanien, la thèse de Stuart Mill sur les « noms corrélatifs » revient à dire que "B est-pensé-par A' et "A pense-B' connotent exactement le même fait: qu'il y a un A-pensant-B. C'est une des premières amorces de l'adverbialisme. Mais, en ce qui concerne Brentano, c'est loin d'être la seule. On analyse ici deux autres dispositifs: la théorie aristotélicienne des relatifs, telle que l'exposent quelques textes des Catégories et de la Métaphysique; la distinction entre trois types de relations formulée par Thomas d'Aquin dans la Iª Pars, q. 13 a. 7, sur la base d'une distinction générale entre « relations réelles » et « relations de. On montre que le troisième type de relation défini par Thomas, où une chose devient ou cesse d'être connue en vertu des états intentionnels d'un connaissant, peut être énoncé sous la forme "aR3b' où a, le connaissant, a une relation réelle à b, le connaissable, & le sensible b a une relation de raison à a & b acquiert une relation à a du fait d'un changement dans les propriétés de a. C'est cette relation qui caractérise la relation intentionnelle dans la Deskriptive Psychologie. Après une brève comparaison des thèses de Brentano avec celles de Reid et d'Ockham sur la perception, on revient sur le débat Sauer-Chisholm concernant l'Intentionality-thesis. On présente quelques arguments en faveur d'une interprétation continuiste, selon laquelle Brentano affine d'abord sa théorie de la relation intentionnelle dans un sens qui incline au réisme, puis qui en fait partie intégrante. On soutient que les modifications apportées étaient appelées par les caractéristiques mêmes de ses premières théories sur l'inexistence intentionnelle et leur enracinement dans un certain aristotélisme, et qu'elles ont revêtu la forme d'une marche progressive, constante et raisonnée vers l'adverbialisme, vu par Brentano comme l'authentique position d'Aristote.

Publication details

DOI: 10.1007/978-3-319-04199-5_23

Full citation:

de Libera, A. (2014)., Le direct et l'oblique: sur quelques aspects antiques et médiévaux de la théorie brentanienne des relatifs, in A. Reboul (éd), Mind, values, and metaphysics I, Dordrecht, Springer, pp. 317-347.

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