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Nous introduisons un nouveau modèle de réduction inspiré par celui de Kemeny et Oppenheim [Kemeny & Oppenheim 1956] et soutenons que ce modèle est opérationnel dans une conception « impitoyablement réductionniste » des neurosciences actuelles. Le modèle de Kemeny et Oppenheim a été rapidement rejeté dans la philosophie des sciences du milieu du xxe siècle et remplacé par des modèles développés par Ernest Nagel et Kenneth Schaffner [Nagel 1961], [Schaffner 1967]. Nous pensons que le modèle de Kemeny et Oppenheim a été rejeté à juste titre, compte tenu de ce dont une « théorie du réductionnisme » devait rendre compte à l’époque. Mais leurs idées directrices à propos de ce qui constitue une réduction scientifique — l’accroissement de la portée explicative et la systématisation — reflètent les véritables pratiques des neurosciences réductionnistes actuelles. L’étape clé d’une réhabilitation visant à accorder leurs idées avec les détails de la science actuelle consiste à les reformuler à partir de travaux récents sur l’explication causale-mécanique.Nous commençons avec une étude de cas scientifique, tirée du domaine relativement nouveau de la « cognition moléculaire et cellulaire ». Cette étude fournit une explication de l’effet d’espacement d’Ebbinghaus sur l’apprentissage et la mémoire, en terme d’interactions entre une protéine activatrice de la transcription et sa phosphatase inhibitrice de neurones recrutés dans la trace mnésique. Ensuite, nous décrivons brièvement certains modèles réductionnistes populaires de la philosophie des sciences du milieu du xxe siècle. Nous remarquons comment ces modèles échouent à éclairer des caractéristiques principales de notre étude de cas scientifique. Finalement, nous présentons notre modèle causal-mécaniste qui est une mise à jour du modèle de Kemeny et Oppenheim et soutenons qu’il décrit d’une manière convaincante les éléments de notre étude de cas scientifique. Nous terminons avec une remarque qui, avec un peu de chance, sapera la surprise que beaucoup peuvent ressentir d’apprendre qu’une explication philosophique longtemps rejetée du réductionnisme est en réalité à l’œuvre dans l’une des plus importantes entreprises réductionnistes de la science actuelle.

DOI: 10.4000/philosophiascientiae.856

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