Langage ordinaire, historicité et science

Michel Legrand

pp. 539-552

L'analyse anglo-saxonne du langage ordinaire se propose de renouveler d'anciennes questions philosophiques — par exemple la question de la nature du psychisme — par l'analyse sémantique des termes et de leur fonctionnement langagier. Mais en même temps, elle paraît ignorer la dimension historique du langage et de la production du sens. L'auteur, s'attachant à la problématique des notions de « conscient » et d' « inconscient », commence par repérer quelques faits de l'histoire des langues : la promotion de la notion de conscience comme conscience de soi au XVIIe siècle et l'apparition ultérieure, au XIXe siècle, du terme « inconscient ». Se référant à la démarche archéologique de Foucault, il suggère ensuite que cette apparition, au XIXe siècle, du terme « inconscient » pourrait être corrélative d'une restructuration contemporaine du savoir et de la naissance des sciences humaines. Enfin, par une analyse de l'usage des termes dans le langage ordinaire, il relève trois significations des termes « conscient » et « inconscient », qui pourraient renvoyer à trois moments de la constitution de l'homme occidental. Ainsi les sens du langage ordinaire seraient-ils restitués au processus de leur formation historique. Encore resterait-il à voir si le discours scientifique, et essentiellement le discours de la psychanalyse, reprenant à son compte le terme « inconscient » mais l'élevant à l'état de concept, ne rompt pas avec tout usage ordinaire du terme.

Publication details

Full citation:

Legrand, M. (1974). Langage ordinaire, historicité et science. Revue philosophique de Louvain 72 (15), pp. 539-552.

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