Rejet de l'art moderne au nom de la morale 

le débat littéraire en Allemagne dans les années 50 et 60

Rainer Rosenberg

pp. 213-224

La présente contribution s’interroge sur les raisons qui ont conduit l’esthétique marxiste — telle que l’ont développée Georg Lukâcs et Michail Lifschitz et qui, dans une version simplifiée, a fourni dans toute l’aire d’influence soviétique après 1945 sa doctrine à la politique culturelle — non seulement à dénier à l’art moderne toute valeur esthétique, mais aussi à le condamner moralement. Dans cette perspective, l’enracinement de cette variante de l’esthétique marxiste dans la philosophie allemande classique est tout d’abord mis en évidence, ainsi que la manière dont elle perpétue certains postulats de cette dernière tels que le caractère idéel des phénomènes ou la solidarité de l’éthique et de l’esthétique. En second lieu, l’accent est mis sur l’inscription de ces conceptions dans une philosophie de l’histoire pour laquelle le monde bourgeois courait vers son déclin, ce qui permettait de voir en l’art moderne, qui renonçait au « beau », un symptôme de décadence. L’auteur met en rapport, en vertu de ce qui lui paraît être une parenté structurale, l’an-timodernisme de Lukäcs et de Lifschitz et les conceptions de l’art qui, à l’ouest, rejettent la modernité (Emil Staiger).

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.655

Full citation:

Rosenberg, R. (1997). Rejet de l'art moderne au nom de la morale : le débat littéraire en Allemagne dans les années 50 et 60. Revue germanique internationale - ancienne série 8, pp. 213-224.

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