Révolution scientifique et circulations en géographie 

Christaller et la genèse transnationale de l'analyse spatiale

Géraldine Djament-Tran

pp. 107-133

Cet article présente les grands jalons de la circulation de la thèse de Christaller. Rompant avec la vulgate d’une œuvre complètement ignorée puis découverte sur le tard, il restitue les débats épistémologiques complexes qui marquent sa diffusion des années 1930 aux années 1970. Après avoir souligné la rupture christallerienne avec le régime de scientificité de la Landschaftsgeographie, il montre que le débat autour de son épistémologie modélisatrice s’internationalise dès l’entre-deux-guerres. À partir des années 1940, la réception de la théorie christallerienne se dédouble en une application à la planification de l’Allemagne nazie, qui fait débat puis deviendra taboue, et une diffusion théorique aux États-Unis, où Christaller est bientôt proclamé « père de la géographie théorique » naissante. Consacrée outre-atlantique, la référence christallerienne retourne en Europe : l’analyse spatiale se diffuse dans les années 1950en Scandinavie et en Grande-Bretagne, avant de gagner la France et l’Allemagne. Dans son pays d’origine, la théorie christallerienne s’impose à la fin des années 1960, à la veille du renversement du paradigme de la Landschaftsgeographie. C’est alors que Christaller publie son récit d’une découverte reconstruite comme paradigmatique. La genèse de l’analyse spatiale, fondamentalement transnationale, plaide en faveur d’une investigation systématique des transferts culturels à l’œuvre dans l’histoire de la géographie.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.1492

Full citation:

Djament-Tran, G. (2014). Révolution scientifique et circulations en géographie : Christaller et la genèse transnationale de l'analyse spatiale. Revue germanique internationale 20, pp. 107-133.

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