Les points de vue comme strate interprétative

François Nemo

Cet article entend montrer en écho aux travaux de Pierre-Yves Raccah, l’existence générale d’une strate interprétative spécifique, linguistiquement construite pour une large part, et qui concerne le marquage et la lexicalisation des points de vue et rapports au monde. Après avoir rappelé le rapport entre polysémie et plurisémie comme diversité des strates interprétatives associées à chaque emploi d’un signe, introduit les strates argumentatives liées à l’attention contrôlée et à la contrainte de scalarité ainsi que les contraintes que la prosodie impose aux points de vue exprimés, il vise à démontrer que ceux-ci sont présents en réalité dans la détermination de la référence des syntagmes nominaux. Est notamment démontré par un ensemble d’exemples très variés que l’interprétation extensionnelle d’un tel élément, autrement dit la définition de ce à quoi il s’applique, s’avère être fonction de la prédication dans laquelle il est enchâssé, au point que l’énoncé négatif s’avère ne pas nier la même chose que ce qui est présent dans l’énoncé positif correspondant. Dans tous les cas étudiés, ces phénomènes de restriction sémantique s’avèrent ancrés dans des façons particulières de regarder le monde. Ce qui impose de dépasser l’alternative d’une langue sans points de vue rêvée par certains et d’une langue organisée autour de l’expression de points de vue, dès lors que le monde n’étant accessible que par le truchement de points de vue, et les langues n’ayant pas la capacité de rendre les points de vue invisibles et comprendre ceux-ci étant indispensable pour accéder à ce qu’ils voilent.

Publication details

DOI: 10.4000/corela.4301

Full citation:

Nemo, F. (2016). Les points de vue comme strate interprétative. Corela 19 (HS), pp. n/a.

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