Le temps irréel (Sartre)

Roland Breeur

pp. 261-272

Dans ce qui suit, j’aimerais avancer quelques remarques au sujet de la modi­fication que subit le temps en passant du réel à l’imaginaire1. Je voudrais situer ces analyses dans le cadre d’observations que certains psychologues et philosophes « empiristes » (comme les associationistes du xixe siècle) avaient faites au sujet du rêve dans son rapport à la sensation, voire l’im­pression supposée en être la cause plus ou moins occasionnelle. Dans ces observations revient continuellement l’idée d’une tension un peu énigma­tique entre, d’une part, le caractère éphémère de l’impression (« un instant ») et l’étendue temporelle du contenu rêvé, d’autre part. Ainsi, pour prendre un exemple classique, Alfred Maury raconte comment un jour, il s’éveille « en proie à la plus vive angoisse », au moment où il sent le couteau de la guillotine lui trancher le cou. Cette image, dit-il, était comme l’aboutissement d’un rêve extravagant (quoique très érudit) qu’il venait d’avoir sur la Terreur et sur le Tribunal révolutionnaire assisté par Robespierre... Or, tous ces évé­nements et leur enchaînement interne semblaient causés par un fait vrai et bien réel : la flèche de son lit qui s’était détachée était tombée sur ses ver­tèbres cervicales2.

Publication details

Full citation:

Breeur, R. (2012). Le temps irréel (Sartre). Bulletin d'Analyse Phénoménologique 8 (1), pp. 261-272.

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