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(2014) Appareil 14.

Mexique 

le défi esthétique de la disparition forcée

Jean-Louis Déotte

Les normaliens d’Ayotzinapa dans l’État mexicain du Guerrero qui venaient protester à Iguala contre les liens de la mairie avec les narcos ont été attaqués par la police locale. Quarante-trois d’entre eux sont toujours portés disparus depuis le 26 septembre. L’État fédéral se contente des aveux de deux criminels : après « livraison » à leur gang, les jeunes futurs instituteurs, appartenant aux classes les plus pauvres, la plupart d’origine indienne, auraient été assassinés, leurs corps auraient été brûlés et leurs restes jetés dans la rivière locale. Un vaste mouvement de protestation secoue le pays, des édifices publics sont attaqués, les parents réclamant, comme en Argentine les Mères de la Place de Mai, « la réapparition en vie de leurs enfants »1. Or comme partout ailleurs, la photographie des disparus devient une arme de combat puisque c’est la seule preuve qu’ils ont été. S’ouvre alors une autre époque de l’esthétique dont Barthes2 est le premier théoricien.

Publication details

DOI: 10.4000/appareil.2092

Full citation:

Déotte, J. (2014). Mexique : le défi esthétique de la disparition forcée. Appareil 14, pp. n/a.

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