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(2002) Le Portique 9.

Le rôle du corps chez Descartes dans le mécanisme des passions

Andras Dekány

Descartes a maintes fois mentionné le rôle décisif que doit jouer la véritable connaissance du bien et du mal en réglant nos passions, mais sans jamais nous fournir au préalable, la réponse satisfaisante à la question suivante : d’où procède et en quoi consiste précisément cette connaissance ? Même si nous ne trouvons pas une réponse complète à notre question dans le dernier grand ouvrage de Descartes, nous voyons quand même en surgir plusieurs éléments importants dans quelques articles des Passions de l’Âme.Ainsi apprenons-nous à l’article 143 que le désir « est toujours bon lorsqu’il suit une vraie connaissance », mais cette vraie connaissance ne semble être ramenée qu’à une distinction fondamentale qui se fait à l’intérieur de l’âme des choses « qui dépendent entièrement de nous, de celles qui n’en dépendent point ».Mais si la vraie connaissance, c’est-à-dire la vérité, ne semble avoir d’autre critère en dehors de ce qu’elle dépend entièrement de nous, nous voilà en pleine modernité philosophique… À quoi Descartes ajoute aussitôt que si l’on réussit dans sa vie à distinguer la fatalité de la posture, « on s’accoutume aisément à régler ses désirs en telle sorte que, d’autant que leur accomplissement ne dépende que de nous, ils peuvent toujours nous donner une entière satisfaction » (article 146).Aspect théorique, aspect pratique, ainsi réconciliés et harmonisés entre eux, il nous reste à poser une question de plus : pourquoi la vraie joie, qui fait le plus grand bonheur de la vie humaine (ressentie par exemple, par le mari pleurant sa femme à l’article 147) ne peut être qu’une « joie secrète » ?

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Full citation:

Dekány, A. (2002). Le rôle du corps chez Descartes dans le mécanisme des passions. Le Portique 9, pp. n/a.

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